Zoumana Fofana, un sans-papier ivoirien malade de
la drépanocytose, a été placé jeudi en rétention administrative. Le
lendemain, il est passé devant le juge et les médecins de l'hôpital de
Meaux. Bilan: quinze jours de répit mais pas d'hospitalisation.
Un sans-papier ivoirien
de 31 ans, malade de la drépanocytose, Zoumana Fofana, a été placé
jeudi en rétention administrative au centre du Mesnil-Amelot
(Seine-et-Marne). Selon son médecin, il court un risque vital.
Le jeune homme a été arrêté après un contrôle d'identité sur le quai
du RER C, le 19 mars, le jour de la grève, alors qu'il attendait un
train à la station d'Igny (Essonne) pour se rendre au restaurant où il
travaille comme plongeur. Transféré dans le centre en fin d'après-midi,
il a été présenté à un juge ce samedi, qui lui a accordé un répit de
quinze jours avant de l'expulser.
Il a ensuite été conduit à l'hôpital de Meaux - où il avait passé
deux heures vendredi, pour rien: aucun médecin n'était disponible.
Selon l'ophtalmologiste qui l'a ausculté, sont oeil droit est atteint
et menacé s'il n'est pas opéré d'urgence.
L'hôpital de Meaux ne pouvant procéder à cette opération avant
lundi, Zoumana Fofana a demandé à être transféré dans un hôpital
parisien - ce que lui ont refusé les gendarmes qui l'accompagnaient.
Le stress provoqué par sa rétention peut provoquer une récidive de ce syndrome thoracique
Zoumana Fofana est atteint d'une forme sévère de la drépanocytose,
une maladie génétique qui provoque une malformation des globules
rouges. En novembre 2008, il a été admis aux urgences de l'hôpital
Antoine-Béclère, à Clamart (Hauts-de-Seine), pour un syndrome
thoracique aigu, une grave complication de la maladie, qui a nécessité
une assistance respiratoire et dix jours d'hospitalisation.
"Le stress provoqué par sa rétention peut provoquer une récidive de
ce syndrome thoracique, affirme le Dr Anoosha Habibi, le médecin qui le
suit à l'hôpital Henri-Mondor, à Créteil (Val-de-Marne). Or cette
complication est la première cause de mortalité chez les jeunes adultes
drépanocytaires."
Le responsable du centre parisien de dépistage de la drépanocytose, le Pr Gil Tchernia,avait attiré l'attention ces derniers mois sur les étrangers touchés
par cette maladie qui ne parvenaient pas à obtenir de titre de séjour.
"Ce que je craignais a fini par se produire, s'exclame le Pr Tchernia.
Au lieu de soigner correctement des patients particulièrement fragiles,
voilà qu'on les met en danger en les envoyant en centre de rétention,
alors que l'angoisse majeure le risque de crise."
Depuis le centre de rétention, Zoumana Fofana se dit très inquiet,
notamment à cause de son oeil droit, touché par une rétinopathie, une
autre complication de la maladie qui peut entraîner la cécité. "Ma
vision était floue depuis un moment déjà, affirme-t-il par téléphone.
Depuis hier, je ne vois plus rien de cet oeil." Son médecin, le Dr
Anoosha Habibi, devrait intervenir auprès des autorités du centre pour
obtenir son transfert à l'hôpital.
Article original :
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/un-malade-de-la-drepanocytose-place-en-centre-de-retention_748366.html